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Au secours, aidez-moi,
Je suis submergé par les pages du roman que j’écris,
Elles ne sont pas d’accord avec la fin de mon livre,
Et du coup, elles m’ont agressé,
Et j’essaye de m’en sortir,
Mais elles sont enragées,
Je peux juste sortir la main pour appeler des secours,
Je crie mais personne ne m’entend,
Du coup je vais céder et modifier la fin de mon livre,
Pour pouvoir me sortir de cette impasse,
Et me libérer de ces pages qui m’étouffent,
De tous ces mots en colère,
Et ainsi retrouver la sérénité,
Et me libérer de cette situation incroyable,
Où les mots prennent le pouvoir,
Qui l’aurait cru,
Je ne pensais pas que cela puisse arriver,
Et pourtant cela est bien réel,
Bon allez je m’y mets,
Je vais trouver une nouvelle chute pour mon livre,
Et ainsi je serai libre,
C’est le prix à payer,
Pour retrouver ma liberté.
Je me suis enlisée dans l’alphabet
Je coule et croule
Sous les signes typographiques
Les abréviations et les raccourcis
La main page 653 faisait des signes
Des pieds peut-être
Des mains sûrement
Comme perdue dans un océan de papier
Elle tentait de s’extirper de l’aspiration
S’était réfugiée dans les marges
Et, erreur funeste, tournait tournait
Elle regrettait amèrement
De s’être embarquée dans le dictionnaire
Un Larousse édition 2005 pour le centenaire
Elle s’en voulait
De s’être engagée dans les sables mouvants
De cette recherche, quelle occasion manquée quel temps perdu…
L’ironie page 595 de l’histoire
Est bien qu’au temps T le Témoin
Venu de la page 1043
pour la sauver
ne savait pas nager.
Y eut-il jamais plus cruelle
plus cinglante illustration
De l’expression
« perdre la main » ?
Jusqu'alors je ne m'étais jamais jeté à l'eau dans l'exercice sans mes biscuits, mes rations de survie ou au moins une bouée de sauvetage - gardant précieusement sous le coude, histoire d'assurer mes arrières vu que le devant ne risque plus rien, quelque sonnet en vers et contre tout, quelque arrière-pensée de Pascal, rimes empruntées, vagues citations wikipédiennes ou un machin dans ces Zola - car j'avais trop peur de rester en rade, la plume racornie, englué dans la marge sans espoir d'atteindre jamais le bout de la ligne du quai, en proie aux affres de cette maladie honteuse que les spécialistes nomment leucosélophobie et qui transforme votre moindre petite phrase en une suite de mots insipides...
et pourtant c'est arrivé,
sournoisement, insidieusement, je dus me rendre à l’Évidence (si vous voulez
l'adresse, n'hésitez pas à me la demander), j'étais bel et bien desséché,
contaminé, ramené au rang des scribouillards stériles qu'une arthrose galopante
submerge depuis la partie supérieure du cortex frontal gauche jusqu'au bout du
petit doigt (qui n'avait à cet instant rien à me dire) et qui fait d'eux la
risée ironique des médias en tous genres... alors tandis que je tirais
la langue tel un misérable caméléon à la recherche d'un insecte suicidaire,
j'ai senti l'invisible main d'une sirène tenir ma main et tracer ces mots -
ceux-là même que vous lisez - des mots d'excuse, d'explications confuses, de
vaines justifications, bref (pour faire court) j'étais sec, éteint, inutile, en
un mot infécond à tel point que j'accueillis comme une délivrance ce coup de
point final .