22 décembre 2025

sujet 167 les écrivains de la semaine

 Samedi 3 janvier 2026    nous pourrons lire



Folle de lui     Jill Bill

20 décembre 2025

sujet 167 - quinzaine du 20 décembre au samedi 3 janvier

Nous allons respecter la trêve des confiseurs. Vous avez été super toute la saison et m'avez réservé un bel accueil pour la reprise de l'atelier ; la succession de K n'est pas aisée et je vous en remercie. N'hésitez surtout pas à me faire part de vos remarques, de vos choix ou même de vos propositions. 

Vous aurez donc jusqu'au 3 janvier pour peaufiner vos textes. Je vous propose un logorallye avec quelques mots obsolètes. Je ne vous donne pas les définitions. soit vous pouvez les chercher, soit vous lui donner la définition que vous voulez mais tous doivent être utiliser.   




Et bonne fêtes à Tous

😍

le potentiel érotique du boulanger/ Lilou

 Le potentiel érotique du boulanger




Comme la pâte sous la paume,
mais jamais sans douceur.

Il y a chez le boulanger
ce pouvoir discret :
des mains qui savent attendre,
presser sans brutalité,
sentir le moment juste
où la matière cède.

Il se lève avant le désir des autres,
réveille la chaleur,
fait gonfler ce qui semblait inerte.
Dans la farine, il blanchit le monde,
dans le four, il provoque la métamorphose.

Son corps penché parle d’effort,
son tablier cache mal
la lente chorégraphie du quotidien.
Rien n’est montré, tout est suggéré :
le croustillant promis,
la mie encore tiède,
l’odeur qui reste sur les doigts.

Érotisme modeste,
à hauteur de comptoir.
Pas celui qui brûle —
celui qui nourrit.

Pas facile d'être boulanger/François

 Pas facile d'être boulanger




Pas facile d'être boulanger,

Je suis debout quand tout le monde dort.

Je me lève sans déranger

Ma femme qui s'endort.

 

Ma pâte préalablement travaillée,

Je la façonne sans arrêt pour faire,

Votre pain, s'il vous plaît.

Il mérite d'être bien préparé.

 

Parfois, des clients veulent me rouler dans la farine,

Pain trop cuit ou pas assez,

Avec toutes les réflexions qu'on imagine,

Ils me cherchent des miches et j'en ai assez.

 

Les idées noires fermentent en moi comme la levure,

Je ne suis pas un bâtard que l'on emmure,

Toutes les nuits de chaleur, je ruisselle.

Pour me consoler, je pense à ma belle.

 

Je ne veux pas être cet artisan mené à la baguette,

Toutes les ficelles, je les connais.

Aux râleurs je dis flûte et j'arrête.

Auprès de ma belle, je retourne me coucher.

 

Sa femme pour calmer ses suppliques,

Lui offrit une fin de nuit érotique.

Pain au miel/Marie Sylvie

  PAIN AU MIEL




Dans l'ombre tiède du fournil
Le pain lève comme un souffle ancien.
La mie s'ouvre 
Offerte
Dans une attente  *érotique
Non de chair mais de lumière.

Le miel coule lentement
Dorant les silences
Liant les gestes au désir de nourrir
De créer
De faire lever l'instant.

Le corps du pain 
Encore chaud
Épouse la main qui le cueille
Tel un poème épouse le souffle qui le lit.

Et dans ce ballet de farine et de feu 
Quelque chose s'élève
Une tendresse brute
Une sensualité cachée
Dans la simplicité du pain partagé.

Résistance/JLibert

Résistance

 

Jusque là , Luigui, bon comme du bon pain, avait du pain sur la planche. Son pain se vendait comme
des petits pains. Pour lui, faire du pain, c’était du pain bénit même s’il devait gagner son pain à la sueur de
son front.
Mais, la société qui voulait du pain et des jeux, lui ôta son gagne pain, lui ôta le pain de la bouche en lui
demandant de faire copain copain avec son nouveau système de vente : cela ne mangerait pas de pain !
C’était, en quelque sorte, vouloir lui faire passer le goût du pain.
Luigui refusa de manger de ce pain là. Alors, il vendit son fournil pour une bouchée de pain et se
retrouva au pain sec et à l’eau. Ses jours devenaient longs comme un jour sans pain. Durement, il réalisa
qu’il avait mangé son pain blanc avant son pain noir et qu’il n’était plus près à rompre son pain, sinon un
pauvre quignon de pain dur. A vrai dire, toute cette histoire ne favorisait pas son potentiel érotique !

Y a du pain sur la planche !/Jill Bill

Y a du pain sur la planche !



Félicien aime les belles miches
Fada de miches, son métier, boulanger !

Mais qui le trouve érotique...... !?

Allez, sois érotique ça ne mange pas d'pain
Tu vas en vendre comme des p'tits pains
Lui souffle son maire
Avec les femmes du village....

Tu l'as regardé la fille de l'épicier, dis Félicien,
Belle comme nos cigales du Midi....

Eh ouais, je la vois depuis ma boutique
Mais qui voudrait d'un gars toujours au boulot
A faire des bâtards.... !!!!

Cesse donc de te sous-estimer
Certes tu n'es pas un cacou
Mais à force d'être un arrousec
Elle te passera sous le tarin...
Va lui tcharer, elle ne sera pas contre un poutou !

Tu tu tu crois....
Té, aujourd'hui peut-être, ou alors demain....

Suffit Félicien ! Je connais la chanson :
Tu n'es pas un Sardou que je sache....

 

14 décembre 2025

sujet 166 - Les Ecrivains de la semaine


 

Y a du pain sur la planche !  Jill Bill

Résistance     JLibert

Pain au miel   Marie Sylvie

Pas facile d'être boulanger   François

Le potentiel érotique du boulanger   Lilou

13 décembre 2025

sujet 166 - 13 au 20 décembre


 Bien sûr on reconnait le boulanger de Marcel Pagnol  
 quel est son potentiel érotique ?
facultatif

une semaine pour nous le dire 




Le pacte des cinq/Marie Sylvie

Le pacte des cinq





Ils sont cinq.
Cinq visages 
Cinq cous tendus vers le centre.
Cinq présences reliées comme les doigts d'une même main
Ouverte vers le monde
Refermée sur un secret.

Au cœur le marionnettiste.
Il ne commande pas
Il révèle.
Dans ses paumes un pantin fragile
Symbole d'un lien
D'un pacte
D'un *poison partagé.

Le poison n'est pas toujours venin.
Il peut être douleur commune
Épreuve traversée ensemble
Ombre qui soude plus fort que la lumière.

Ils sont cinq et ils savent.
Que l'un vacille 
Tous tremblent.
Que l'un espère 
Tous s'élèvent.
Ils sont cinq 
Pour le pire et le meilleur.

Et dans le silence de la toile
Où les couleurs murmurent plus que les mots
Ils forment une main.
Une image.
L'image.

Poison royal/J.Libert

 Poison royal



Les visages sont d’une pâleur extrême, penchés attentivement sur ce que leur reine tient en main. Le jour se lève à peine ; celle ci leur a donné rendez vous dans son boudoir attenant à la chambre royale. Il faut que l’heure soit grave pour qu’elle convoque, si tôt et en même temps, le petit monde qui gravite autour d’elle : ses deux demoiselles de compagnie, l’une à sa droite, munie de son éventail géant, l’autre, à sa gauche, la chevelure enturbannée sagement dans un bandeau grenat sombre, et ses deux chambellans vêtus, respectivement, de noir et d’or.

Ce matin, la reine est coiffée d’une sorte de hennin sans voile. Des manches de son ample cape de doux velours rubis émerge un fin poignet prolongé par une main gantée aux longs doigts déliés.

Son air mystérieux en dit long sur ses intentions dont elle va faire part à ses quatre complices. À partir d’un violent poison : une mixture de pattes et de venin d’araignée broyés, il s’agira d’expédier dans l’autre monde, le religieux qui a reçu ses confidences sur sa liaison avec le frère du roi ; depuis peu, elle doute de sa fiabilité. La reine ne veut prendre aucun risque.

Un grand silence règne encore dans les appartements royaux quand, soudain, à l’étage, une porte claque... Des pas se font entendre... les visages se figent.



Trahison et poison/Tarval

 Trahison et poison



Les intrigues sont légions autour de la reine,

Elle suscite l’amour chez son peuple,

Mais aussi envie et haine de la part de ses courtisans.

Dans cette pièce secrète, se trame un odieux dessein,

La première dame de la reine veut la couronne,

Elle sait qu’elle plaît au roi,

Et entourée de certains amis peu scrupuleux,

Elle se prépare à empoisonner la reine.

Le poison lui a été apporté par l’apothicaire,

Aussi sorcier à ses heures,

Ces personnages au teint pâle passent leur temps à fomenter des stratégies mortelles,

Afin de parvenir à leurs fins et obtenir des faveurs de la future reine.

Mais peut-être devraient-ils faire attention,

La première dame n’a aucuns scrupules,

Et n’hésitera pas à faire disparaître les témoins de sa vile action.

La trahison est de mise à la cour,

Et la méfiance est omniprésente.

Tout est apparence, manipulations, pouvoir.


Expérience/Fredaine

Expérience



L’expérience n’avait pas eu l’effet escompté.

- Quel gâchis ! En voilà une demi-douzaine de perdue.

- Nous aurions peut-être dû faire l’essai avec un seul pour commencer.

- Regardez-moi ça, il n’y a plus un seul qui bouge.

- Pourtant, j’ai surveillé la température.

- Et moi l’humidité !

- Moi, j’ai veillé à ne pas dépasser la puissance conseillée.

- Il va falloir recommencer. Heureusement qu’on nous les fournit gratuitement.

Moi, je veillais derrière eux ; ils ne me voyaient pas vraiment, trop occupés à leur expérience, trop centrés sur eux-mêmes. Leur suffisance était un poison qui rongeait leurs âmes. Quand ils auraient fini de se lamenter, ils les jetteraient et recommenceraient sans même se douter que j’avais modifié la formule. Ils les voulaient vivants pour les exploiter, je les voulais morts pour les dévorer.

Conciliabule/Jill Bill

 Conciliabule





Il se mijote, il se mijote
Entre gens d'une cour
D'une cour dont ne veut plus le roi...
 
Avoir recours, avoir recours, au poison
Un, deux, trois, quatre
Lilliputiens venimeux
Dans sa coupe... arme à gauche garantie !
 
Voilà
Dame Catherine
Contre écus, bien entendu...
 
Et vous les moines maudits, bénissez notre geste
Demain nous en serons délivrés, libérés.......
 
Et toi le fakir
Tu le divertiras, il ne verra que du feu ;
Entre deux bouffonneries et cochonnaille......
 
Ainsi fut dit, ainsi fut fait........
 
On sonna un trépas, on sonna, mais
Celui du goûteur du roi !!
 

Un groupuscule de comploteurs/François

 Nous acceptons les excuses de François qui fut victime d'une panne d'internet et qui nous confie son texte avec un peu de retard. 

Un groupuscule de comploteurs



Les voilà rassemblés,

Dans une pièce obscure,

En toute complicité,

Entretenant des haines qui durent.

 

Le regard est posé sur un étrange objet,

Sur lequel ils ont prêté serment,

Ils veulent pouvoir désormais s'engager

Dans des attitudes qui créent des tourments.

 

L'intrigue est omniprésente,

Les regards sont ambigus,

L'ambiance est lourde et pesante,

Le mystère nait dans ce lieu exigu.

 

Ce petit monde veut user du poison,

Pour en venir au bout du pouvoir.

Ténébreuses sont leurs raisons,

Il ne semble qu'ils ne peuvent plus surseoir.

 

Il est là, le poids du secret,

Derrière ces bouches fermées,

Et ces visages pâles.

Se feront-ils prendre dans leurs dédales ?

07 décembre 2025

sujet 165 - Les Ecrivains de la semaine

 Je précise que cette toile est de Marie-Paule Benoit-Basset est une artiste peintre française née en 1946 à Innsbruck, en Autriche.





Conciliabule     Jill Bill

Expérience  Fredaine

Poison royal  J.Libert

Trahison et poison   Tarval

Le pacte des cinq  Marie Sylvie

Le groupuscule des comploteurs   François

06 décembre 2025

sujet 165 - semaine du 6 au 13 décembre

 



avec le mot poison

vos textes pour le 13 décembre 



Par l'hiver affamées/François

 

Par l'hiver affamées


 

Par ce jour de printemps,

Où poussent les pâquerettes,

On vit courir dans l'herbe, un instant,

Deux corneilles venues faire leurs emplettes.

 

Par l'hiver, affamées

Elles avaient besoin de reprendre des forces,

Bien plus qu’à l'accoutumée,

Sans chercher à se nourrir d’écorces.

 

Elles se posent dans ce champ,

Une d'entre elle, a vu des aliments,

Elle s'avance à pas vaillant,

Pour les charger dans son bec, goulûment.

 

En oubliant de partager,

La nourriture à manger,

Sa compagne devient enragée.

Comme un corbeau, elle va le dénoncer.

A la conquête de frites/Lilou

 A la conquête de frites



Dans le grand pré parsemé de pâquerettes, où l’herbe ondulait doucement sous la brise, deux corbeaux se livraient à une scène digne d’un petit théâtre naturel.
Le premier, le plus téméraire, avançait d’un pas conquérant avec dans le bec un incroyable bouquet de frites, serré comme un trophée. On distinguait même une petite barbouille jaune près de son bec, preuve éclatante de sa gourmandise triomphante.

Il faut dire que les deux compères avaient flairé la bonne affaire : un promeneur s’était installé un peu plus loin pour grignoter, et les corbeaux, experts en stratégie, avaient repéré l’occasion. Ils avaient attendu le moment parfait et… hop ! un petit vol plané, une récupération aussi discrète qu’efficace, et les frites avaient atterri sur la pelouse comme un trésor fraîchement conquis.

Son camarade, plus studieux, fouillait l’herbe comme s’il cherchait un condiment oublié : un grain de sel, une miette de pain ou peut-être un brin de magie culinaire.
À les voir ainsi, on aurait dit qu’ils préparaient un banquet royal, improvisé au milieu des fleurs blanches.

Le soleil semblait complice, jouant à faire briller leurs plumes, tandis que les pâquerettes blanches formaient une audience silencieuse mais enthousiaste.
Et dans ce petit coin de nature, sans bruit et sans chichi, une simple aventure de corbeaux transformait un jour ordinaire en histoire à sourire — celle d’un déjeuner tombé du ciel… ou plutôt, habilement « emprunté » en plein vol.


Dans un grand pré parsemé de pâquerettes, où l’herbe ondulait doucement sous la brise, deux corbeaux se livraient à une scène de théâtre .
Le premier, le plus téméraire, avançait d’un pas conquérant avec dans le bec un incroyable bouquet de frites, serré comme un trophée. On distinguait même une petite barbouille jaune près de son bec, preuve éclatante de sa gourmandise .

Il faut dire que les deux compères avaient flairé la bonne affaire : un promeneur s’était installé un peu plus loin pour grignoter, et les corbeaux, experts en stratégie, avaient repéré l’occasion. Ils avaient attendu le moment parfait et… hop ! un petit vol plané, une récupération aussi discrète qu’efficace, et les frites avaient atterri sur la pelouse comme un trésor fraîchement conquis.

Son camarade, plus studieux, fouillait l’herbe comme s’il cherchait un condiment oublié : un grain de sel, une miette de pain ou peut-être un brin de magie culinaire.
À les voir ainsi, on aurait dit qu’ils préparaient un banquet royal, improvisé au milieu des fleurs blanches.

Le soleil semblait complice, jouant à faire briller leurs plumes, tandis que les pâquerettes blanches formaient une audience silencieuse mais enthousiaste.
Et dans ce petit coin de nature, sans bruit et sans chichi, une simple aventure de corbeaux transformait un jour ordinaire en histoire à sourire,

  celle d’un déjeuner tombé du ciel… ou plutôt, habilement « emprunté » en plein vol.

Les corbeaux/J.Libert

 LES CORBEAUX




Les corbeaux se sont donnés rendez vous sur les branches les plus hautes des grands chênes.

Les uns après les autres, ils arrivent à tire d’ailes et s’installent en douceur, toute voilure repliée. Dès que le soleil sort des nuages, ils commencent à croasser, à voleter d’un rameau à l’autre cherchant leur équilibre. Ils n’ont guère d’égards pour les couples de tourterelles cendrées qui y avaient élu domicile, pas plus que pour l’écureuil pensionnaire dans une échancrure d’arbre feuillu. Ceux ci, effarouchés, n’ont pas l’air d’apprécier cette arrivée bruyante et vont se réfugier sur les branches voisines.

Il est difficile de savoir leur nombre tant ils vont et viennent, claquent des ailes pour indiquer leur présence. L’habitant, indisposé, a bien essayé de les déloger mais, ils s’enhardissent jour après jour, envahissant tous les jardins des alentours. De leur démarche un peu pataude et maladroite, ils arpentent, souvent à plusieurs en même temps, prairies et pâturages, picorent insectes, vers de terre. Ils se disputent, parfois, quelques déchets dont ils s’en barbouillent bec et plumage. Vite effrayés par les bruits environnants, ils retournent dans les hauteurs d’un coup d’ailes.

Tout l’hiver, ils ne cessent leur bavardage puissant et rauque. Il n’y a plus guère de place que pour eux. Pour saisir le chant des autres oiseaux, il faut prêter l’oreille. Et puis, un matin, se fait un silence impressionnant. Les corbeaux se sont envolés croasser ailleurs. À nouveau, on entend roucouler les tourterelles. Le printemps est revenu!





Bredouille… ou pas…/Annick

 Bredouille… ou pas…



.
Dans l’herbe fraîche, deux p’tites fripouilles
Cherchent de quoi se faire tambouille.
Ne veulent pas provoquer bisbrouille
Mais aucun n’veut rester bredouille.
 
Lors dans les herbes. chacun farfouille.
Font comme ils peuvent, chacun s’débrouille.
Oui mais voilà, font drôle de bouille,
Ne trouvent que frites ! Ah ! Quelle embrouille !
.
Voilà qu’leur estomac gargouille.
Lors, avant d’partir en vadrouille,
Nos deux corbeaux d’orgueil s’dépouillent
Et de ces frites font leur tambouille.
.
Dans l’herbe fraîche, se dé-barbouillent,
Eliminent graisse qui les chatouille.
Vont pouvoir r’partir en vadrouille,
Continuer à jouer les arsouilles.

Fabliau du Renard, des deux Corbeaux et du champ trompeur/ Lothar

 Fabliau du Renard, des deux Corbeaux et du Champ Trompeur






Il était une fois, une fois, un beau renard futé, affûté, Fauntleroy Fox, qui vivait dans un vallon tranquille du Masschussets. Là-bas, il était maître d’un grand champ de maïs dont l’éclat respirait tant la santé, en brillant d’un jaune si vif, qu’il trompera le soleil lui-même. Fauntleroy Fox y tenait comme à la prunelle de ses yeux, car pour lui ce champ représentait fieffée fierté et force richesse.

Un jour, Crawford Crow, corvidé anglophone aux plumes d’encre, qui cherchait une place d’épouvantail, après mults prières du renard, fut embauché pour surveiller les lieux. Fauntleroy Fox, sourire fineau et queue en panache, lui dit : « Garde ce champ comme s’il était ton nid. Nul intrus ne doit y toucher. »

Crawford Crow promit. Mais voilà qu’apparu Cousin Croa, son cousin venu de France. Il avait le regard vif et un croassement roulant comme celui d’un galet filant dans la Sudbury River.

Une fois arrivé, comme il n’était pas goujat, il se gava de Welch’s Concord grape jelly, gelée de raisins de la bonne ville de Concord, justement. Gelée qui enchante les papilles et barbouille les bouilles. Bref … « Mon cher Cuz» dit Cousin Croa, « ton champ sent la poudre plus que la terre. Regarde ces feuilles sans insectes, et cette terre trop pâle. Ce maïs ne vit pas : il obéit. »

À ces mots, Crawford Crow observa, perplexe. Dans le grand champ rien ne bougeait. Pas un bourdonnement, pas une fourmi. Le silence d’un banquet où personne n’a vraiment faim.

« On m’a payé pour protéger ce lieu, » protesta Crawford Crow.
« Un lieu ne vaut rien s’il n’a plus de vie, » répondit Cousin Croa.

Les deux corbeaux s’envolèrent alors vers Fauntleroy Fox. Ils le trouvèrent assis au bord de son champ, rêvassant, admirant ses rangées impeccables.
« Maître Fox, » dirent-ils de concert, « ton maïs n’est pas un champ, mais un miroir peint. Il nourrit plus la solitude que la terre. Nous ne garderons jamais au grand jamais des épis sans âme. »

Fauntleroy Fox se redressa, piqué par leurs paroles. Les deux oiseaux insistèrent, expliquant qu’un champ vivant attire les insectes, nourrit les bêtes, parfume l’air, chante avec le vent. Un champ figé, chargé d’engrais et de poudre, ne chante rien, sinon l’illusion.

Le renard réfléchit longtemps. Puis, dans un souffle, il comprit qu’il avait cultivé une beauté fausse et fragile.

Alors il choisit la voie la plus lente, mais la seule sincère: il rendit la terre à elle-même. Le maïs artificiel fut laissé à son sort, et les saisons firent leur œuvre. Bientôt les herbes revinrent, puis les fleurs, puis le bourdonnement d’un monde minuscule mais essentiel.

Crawford Crow et Cousin Croa, joyeux de cette renaissance, acceptèrent de protéger le nouveau champ. Ils veillaient désormais non sur des épis vides, mais sur une terre qui respirait.

Ainsi dit le fabliau :
Qui parfume ses champs de promesses chimiques récolte un silence amer ; et
Qui les confie au vent et au temps récolte la vie …