COUAC
J’ai l’air cool, comme ça, mais ça a pris un temps fou pour trouver la bonne position, avec ces poches et ces tuyaux entre la dernière couche et ma peau et les sondes de toutes sortes intégrées à mon accoutrement, toujours connectées à l’ordinateur, qu’il faut éviter de malmener. Ils s’y sont mis à quatre pour me coincer là, sans pouvoir me dire quand ils reviendront me chercher mais en me conseillant de ne pas relever ma visière. Pourquoi ? Pas d’explication.
Dire que c’était mon dernier vol avant la retraite, un truc de routine, un aller-retour banal Terre-station orbitale pour leur livrer du bœuf mironton en tube, du Chardonnet en paillettes, des rillettes déshydratées et d’autres trucs tout aussi goûteux, de quoi patienter jusqu’à la relève…
Décollage sans accroc, voyage et arrimage parfaits et rentrée de même. C’est quand on nous a récupéré en mer que ça a foiré : mon coéquipier a été débarrassé de son casque en deux temps-trois mouvements, et tout naturellement on l’a aidés à sortir de sa combinaison. Mais quand mon tour est arrivé, impossible de tourner les ailettes des vis de mon casque, et à force d’insister, elles se sont cassées ! Dès lors, tout étant solidaire, impossible de m’enlever ma tenue. En dehors des vols, je peux vous assurer que le costume est loin d’être idéal !
Lorsque nous avons réintégré la base, les ingénieurs avaient eu le temps de mener leur enquête et de découvrir que, dans un souci d’économie, ces maudites vis ont été commandées par internet sur un site chinois et que ce matériel n’est pas garanti. Ces mêmes ingénieurs sont actuellement réunis pour chercher le meilleur moyen de me sortir de là sans ciseaux, sans pied-de-biche et sans chalumeau, sans rien endommager – toujours par économie.
Mon énervement, qui monte d’heure en heure, augmentant ma pression sanguine et la température interne de mon tout-en-un, est maintenant porté à son comble par les réflexions des collègues qui viennent à tour de rôle lancer des vannes qui n’amusent qu’eux, du style : « Ne le dérangez pas, il est dans sa bulle », « il est un peu renfermé en ce moment », ou « il a attrapé la grosse tête ». Il y en a même un qui m’a demandé : « Y a de l’eau, au moins, dans ton aquarium ? »
S’il y en a un qui m’appelle Némo, je lui fous un coup de boule et croyez-moi, le matériel, c’est du lourd !
Cette histoire est loin d’être glorieuse pour le programme, mais penser qu’elle ne va pas fuiter relève de l’utopie…
Pressentiment ? Utopie ? et sinon y'a de l'eau ou pas dans ton aquarium ??? ok, je sors ! MDR
RépondreSupprimerToi, le poisson-clown, retourne chez ta mer !
SupprimerRemarque que tu n'es plus en apesanteur et parfaitement arirmée dans ton fauteuil. Y a pire comme situation! Jamais contente!
RépondreSupprimerMerci pour la tranche de rire!
Combien de temps tu peux te retenir, toi ?
SupprimerAu fait, si tu as besoin d'un tournevis.... J'ai ce qu'il te fait ;-)
RépondreSupprimerStoïque, je ne me démonte pas !
Supprimerc'est quoi le problème ? pas à plaindre t'as même le manuel du petit bricoleur...
RépondreSupprimerIl est en chinois !
SupprimerC'était juste avant de s'apercevoir que le fauteuil - également chinois- avait pourri le scaphandre.
RépondreSupprimerC'est ça, les restrictions budgétaires !
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