28 juin 2025

Une rencontre / Fredaine

 




Pourtant Margaux m’avait prévenue. « Si tu y vas, père le saura sois-en certaine. Et que crois-tu qu’il fera ? » Mais, comme toujours, je n’avais rien voulu entendre. Certains diront que c’était un caprice de plus, mais il fallait que je tente l’aventure. Je l’avais aperçu quelques jours plus tôt pour la première fois à l’orée du petit bois, il était si beau, si fier et ses yeux ... Dès le premier regard échangé, j’avais su que nous étions destinés l’un à l’autre. Depuis le temps que j’attendais, que j’espérais, une telle rencontre ne pouvait être le fruit du hasard.

Bien sûr, je n’en avais touché mot à personne excepté Margaux. Je savais qu’elle tiendrait sa langue et puis, elle savait le feu qui brûlait en moi, cette folle envie d’amour. Je l’avais revu à plusieurs reprises, toujours à la même heure, au même endroit ; aucune parole n’avait été prononcée, nous nous étions frôlés, juste frôlés. Je savais qu’il serait là. J’avais tout préparé, épié les mouvements et habitudes de chacun afin d’être certaine de n’être point repérée en me faufilant hors des murs.

Lorsque le soir est venu, j’ai attendu que chacun se soit retiré dans sa chambre et je me suis glissée dehors, un châle bien chaud sur les épaules. Je suis sortie par les cuisines car la lourde porte d’entrée du château était trop bruyante et je n’étais pas certaine de pouvoir l’ouvrir. Je me suis glissée jusqu’au petit bois, il était là, il m’attendait. Il s’est approché, m’a effleurée. Que ce contact était doux. Je l’ai pris dans mes bras, nous enroulant tous deux dans mon châle.

C’est alors que père est arrivé... « Dis-moi jeune fille, penses-tu qu’il soit sérieux pour une demoiselle de se trouver seule dehors la nuit ? N’as-tu pas conscience des dangers ? » Son ton n’était pas vraiment hostile mais je n’étais pas rassurée. « J’ai pourtant toujours été clair je pense sur le fait qu’il n’y aurait pas d’animaux dans ce château !  Qui va s’en occuper ? Le soigner, le nourrir ? »

Je connaissais bien père. Quoi qu’en pense Margaux, c’était un cœur tendre et mon regard larmoyant de fillette de huit ans serrant dans ses bras un adorable chaton a fait son œuvre.


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