28 juin 2025

LA DOUCE CAMILLE / J.Libert

 



    On aurait pu croire qu’elle était inhabitée, laissée à l’abandon, livrée  au caprice des éléments marins, tant son aspect était austère.
     Pourtant, cette forteresse s’animait, le soir, après que les dernières lueurs du soleil se soient éteintes dans la mer.
    Les ombres de ses anciens occupants ressurgissaient alors, revivaient indéfiniment la même histoire.
    Un très riche Seigneur avait fait construire cette bâtisse sur un promontoire rocheux, loin de l’agitation du monde. Il avait emmené avec lui, la jeune, douce et belle Camille dont il était tombé éperdument amoureux. Elle lui avait prodigué des premiers soins, suite à une chute de cheval dans la forêt de Sainte Radegonde.
    Pendant plusieurs années, ils vécurent un bonheur sans faille, servis par un personnel répondant à leurs moindres désirs.
    Mais, un jour d’hiver, un violent incendie ravagea une aile de la forteresse. On ne sut jamais quelle en avait été la cause. La douce Camille fut déclarée morte dans les flammes. Personne ne la revit jamais vivante.
    Défigurée, méconnaissable, le Seigneur la tenait cloîtrée, à l’autre extrémité de la forteresse, ne lui rendant visite qu’à la nuit tombée.
    Un matin de grande marée, on retrouva son corps, au bas d’une falaise. Elle s’était jetée par la fenêtre de la tour.
    Le Seigneur mourut quelques mois plus tard,  dans une terrible agonie. Pour le punir d’avoir caché, séquestré sa douce, on le lança  à la mer, tout habillé de noir, sans plus d’égards.
    Il arrive encore, que les rayons du soleil couchant éclairent la façade de la tour où était enfermée Camille et l’on croit l’apercevoir derrière la fenêtre sous son voile de blanche dentelle.

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