10 mai 2025

LA SORCIERE / J. Libert

 


                                                       LA SORCIÈRE
 
 
Avec le retour de la nuit, le murmure du vent
Emplit la forêt de milliers de chuchotements.
Les oiseaux se taisent, écoutent les bruissements.
Au sommet des grands arbres, se cache la sorcière,
Gardienne des secrets de ces vies tout entières,
Dont elle rompt le fil sans en faire mystère.
 
 
Jamais on ne la voit venir, on la devine
Scalpel en main, mais d’une voix câline,
Elle vous berce dans son linceul de coton noir
Qu’elle coud, découd, recoud, tout au long des soirs.
Et quand la nuit revient, il est déjà trop tard.
Elle sort de l’ombre, impitoyable et sans fard.
 
 
Face grimaçante, planant sur les destins,
Elle décide du sort des autres et des uns.
Son choix est arbitraire et sans concession.
Le fait de naître porte en soi condamnation.
Elle agite les aiguilles des pendules.
Gare à ceux qui tombent sous sa férule.
 
Puis la sorcière se retire sur les hauteurs,
Souveraine et indifférente au malheur,
Oublieuse pour toujours de ces visages ôtés,
À peine célébrés, trop vite enterrés.
Le vent souffle encore tout en haut des branchages,
Complice de la mort qui poursuit ses ravages.

3 commentaires:

  1. Ah ben ça c'est vraiment très beau !! Quel beau moment de lecture.
    Prenant des les début on a pas envie d'arrêter de lire et ça j'adore !

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  2. D'autres chez nous l'appellent l'Ankou. Quel que soit son nom, ne jamais croiser son chemin !

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  3. Plutôt hanté ! Belle ambiance.

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