AMITIÉ DE PLAGE
Yeux fermés, Martha se masse les joues pour faire pénétrer sa crème solaire. Elle maintient ses paupières closes, respire lentement la sensation de chaleur sur sa peau. Qu’il est agréable de pouvoir paresser ainsi au soleil sans être sensible à autre chose qu’à son bien être physique. Elle fait couler le sable fin entre ses doigts aux ongles vermeils. Elle resterait ainsi des heures, allongée au soleil.
À travers ses lunettes de soleil, les couleurs prennent une teinte plus sombre, uniforme ; les serviettes et les maillots de bain, les parasols et les nattes roulées, le ciel d’azur et la mer trop bleue, à ses pieds, lui apparaissent sous exposés. Elle devine, plus qu’elle ne voit, les ombres humaines aller, venir, s’allonger ou se relever.
Il y a quelques jours, elle a sympathisé avec une proche voisine de plage et, depuis, celle ci vient la rejoindre régulièrement vers 16 heures. Chacune a trouvé, chez l’autre, des points communs. Elles ont toutes les deux à peu près le même âge, le même style, sont divorcées. Elles ont aussi, chacune, deux enfants, garçon et fille, des pré adolescents.
Ensemble, en tant que mères célibataires, elles évoquent leurs difficultés d’éducation. Elles en viennent rapidement à se faire des confidences plus intimes, à se raconter des histoires drôles. Martha rit comme si elle plaisantait avec une amie de longue date.
Toutes les deux retrouvent , un peu, l’insouciance de leur vie d’avant, leur vie de jeune fille, quand elles n’avaient pas d’enfant.
Martha ravie de s’être fait une nouvelle amie, l’invite à déguster une glace à la terrasse de la fraiseraie, face à la mer. Elles ont laissé les enfants jouer aux billes sur des circuits qu’ils ont creusé patiemment dans le sable.
Attablées depuis près d’un quart d’heure, elles ne voient pas les minutes s’écouler, quand elles entendent le concert de klaxons des voitures de pompiers. Ils ne tardent pas à remonter, sur une civière, le jeune Charlie inanimé. C’est le fils de Martha. Elle ne comprend pas, qu’en si peu de temps, une situation paisible se soit transformée en catastrophe.
Loins des yeux... danger imminent !
RépondreSupprimerLa paix d'un instant brisée en une seconde.
RépondreSupprimerquelle chute !
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