LE GEAI BLEU
« On entend
parfois l’expression : « c’est un oiseau rare ». Ici, on peut la
prendre au sens littéral. Oui ! Je suis un oiseau rare. Je suis le geai,
le geai bleu des chênes.
Sans prétention
aucune, ma parure, aussi éclatante que celle du paon fait de moi le milord ailé
des forêts de chênes qui ne connaissent pas le couperet de la hache. Elles sont
mon aire de vagabondage et de nourrissage.
Un œil extérieur
pourrait me comparer à une pierre précieuse, un dé chatoyant dans son écrin. Je
pourrais vous énumérer toutes les couleurs et les nuances de mon plumage ; ce sont surtout les
bleus qui prédominent : depuis le haut du dos jusqu’au départ de mes
ailes.
Mais si on admire
ma beauté moirée, mon chant n’est pas toujours des plus harmonieux. Si j’ai la
faculté d’imiter le cri des autres espèces, je peux avoir des accents de
trompette, simuler le cri du canard. Ce sont d’étranges cris rauques, peu
chaleureux qui n’ont rien à voir avec les stridulations du rossignol. Mais à
chacun ses points forts.
Je construis mon
nid loin de la vue des humains, de façon presque invisible, assez haut dans les
arbres. Je fabrique une petite taie matelassée faite de racines sèches, de fils
épars, glanés au hasard sur laquelle seront couvés les œufs. Je reste toujours
à proximité pour éviter tout pillage ou intrusion. Je sais de quoi je parle ne
valant pas mieux que le coucou qui pille,
sans scrupule, le nid des autres oiseaux.
Dans la forêt de
chênes, je me nourris surtout de glands dont je peux faire provision, à la
manière de l’écureuil, mais aussi, de maïs, de chenilles et de fruits divers.
Je me souviens des trous où j’enterre
mes trésors de nourriture et, même sous les flaques d’eau ou sous un épais
manteau de neige, je suis capable de les retrouver.
Les graines que
j’avale et que je rejette servent à reproduire un nombre immense d’arbres
forestiers. Ainsi, tel le petit colibri, je fais ma part : je participe à
la croissance, la luxuriance de la nature.
Adepte de la paix,
j’ai omis de vous parler de ma peur, surtout de ma haine du hibou, cet égorgeur
nocturne qui, sous le couvert de l’obscurité, commet ses méfaits. Dans ce cas,
je n’hésite pas à alerter, par mes cris, la gente ailée pour le forcer à fuir.
Retrouvant mon
champ libre au creux des forêts, le ciel, la terre, les nuées, l’eau m’appartiennent. »
Belle page scientifique, jill
RépondreSupprimerMerci pour cette minute ornithologique très documentée !
RépondreSupprimerLa terreur des ruches... Ce geai adore les abeilles !
RépondreSupprimerT'es mûr pour t'inscrire à la LPO ! :-)
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