15 février 2025

DE TOUT REPOS / J.Libert


 


DE TOUT REPOS

    Aujourd’hui, quoi de plus simple et de moins fatigant que de procéder au lavage du linge de maison et des vêtements ? Chaque foyer dispose d’un lave linge, parfois d’un sèche linge ou même du combiné. À tout moment, du jour, de la nuit, de la semaine, on peut faire tourner une machine, mélanger le blanc avec les couleurs à grand renfort de publicité pour les lingettes « décolor stop », un mariage inédit…
    Et pour ceux qui sont en panne de machine, qui préfèrent lire leur journal ou faire la sieste au son du doux ronron des tambours, il y a les laveries. Là, les machines rutilantes, automatisées, alignées en rang d’oignon, n’attendent que de tourner et de vous redonner, pour quelques euros, un linge propre, parfumé, à peine froissé et, parfois, séché.
    Plus rien à voir avec le jour sacro saint du lundi consacré à la lessive dans les années d’après guerre 45-50. Le métier de laveuse était encore un vrai métier. 
    Annette se souvient de cette femme qu’on appelait « La Mère Alix ». C’était la laveuse des châtelains. Âgée à cette époque d’une cinquantaine d’années, elle était déjà pliée en deux comme une vieille tige tordue que l’on aurait brisée si on avait essayé de la redresser.
    Tous les lundis, on la voyait arriver à vélo pour effectuer la lessive hebdomadaire. Vêtue de son éternel tablier bleu marine, elle commençait par allumer la grosse cuisinière à charbon pour faire bouillir l’eau de la lessiveuse en zinc munie de son champignon central.
    S’ensuivait tout un rite et des étapes de lavage qui la laissaient exténuée. Plus tard, dans la journée, la Mère Alix de plus en plus courbée, les mains rougies par l’eau froide, repartait sur son vélo jusqu’à la prochaine tournée de lessive, la semaine suivante.
         
                                                                                                                  

5 commentaires:

  1. Tant qu'à perdre systématiquement une chaussette, je préfère la perdre à domicile :)

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  2. Rumeur : une fois, on en a vu une qui battait le linge sur la machine.

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  3. Et j'vous parle pas d'l'odeur des paillettes de savon qui bouillaient et d'la cuillère en bois pour touiller le linge !

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  4. De maison en maison, elles lavaient le linge et les affronts de la vie.

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