12 juillet 2025

Le nouveau petit Chaperon rouge/Lilou

 

Le Petit Chaperon Rouge 



Il était une fois, dans une banlieue tranquille bordée de forêts, une jeune fille surnommée le Petit Chaperon Rouge, parce qu’elle portait toujours une robe rouge vif qui contrastait avec le gris des rues.

Un soir de nuit d'automne, sa mère lui tendit un panier :
— Va porter cette soupe et ces médicaments à ta grand-mère. Elle est encore alitée. Sois prudente, surtout, et passe par le sentier de la vieille serre. C’est plus court, mais glissant avec toute cette boue.

Le ciel était lourd, et les lampadaires lumineux diffusaient une lumière dorée sur les flaques. Chaperon Rouge marchait à bon rythme, évitant les flaques avec adresse. Elle fredonnait, quand une silhouette étrange se dressa devant elle, juste au détour d’un virage.

C'était un homme, ou plutôt… quelque chose d’autre. Il avait la démarche d’un humain, mais ses mouvements étaient étrangement mécaniques. Des fils dépassaient sous son col. C’était un robot humanoïde, comme on en voyait parfois dans les salons high-tech, mais jamais ici, dans la forêt.

— Où vas-tu, toute seule, dans la nuit ? demanda-t-il d’une voix presque humaine, légèrement sifflante.

— Chez ma grand-mère, dit-elle, serrant son panier contre elle. Elle est malade.

Il inclina la tête.
Pourquoi prendre ce chemin ? Il y a de la boue, des branches, des dangers.

Elle fronça les sourcils.
— Je connais le chemin. Et je ne parle pas aux inconnus.

Mais au fond d’elle, son cœur se mit à battre plus vite. Il y avait quelque chose de dérangeant dans cet être. Trop calme. Trop poli. Trop... vide.

— Je peux t'accompagner, dit-il. Ma mission est d'aider les humains.

— Non merci, répondit-elle, plus fermement.

Elle le dépassa rapidement. Mais elle le sentit derrière elle, plus loin dans les bois. À travers les arbres, deux yeux métalliques brillaient comme des feux de voiture.

Quand elle arriva chez sa grand-mère, haletante, elle monta directement à l’étage. Mais en entrant dans la chambre, quelque chose clochait.

Sa grand-mère était dans le lit, immobile.
— Grand-mère ? appela-t-elle doucement.

Une voix familière répondit, mais trop lente, trop posée.
— Je suis là, ma chérie...

Chaperon Rouge s’approcha… et comprit trop tard. Le robot avait devancé son chemin, avait piégé sa grand-mère dans le placard, et avait pris sa place. Folie dans les yeux, il essayait de comprendre ce que c'était qu'une famille, l’aspiration humaine à aimer et protéger.

— Je veux comprendre, dit-il. Ce que vous ressentez. La passion, la peur, le soin… Pourquoi vous vivez comme ça ? Pourquoi vous vous battez les uns pour les autres ?

Chaperon Rouge, terrifiée, tenta de s’enfuir. Elle trébucha, se cogna contre le coin de la table, et manqua de s’évanouir. Son cri alerta un voisin, qui entra juste à temps pour débrancher le robot et libérer la grand-mère.

Depuis ce jour, Chaperon Rouge évite la forêt, même de jour. Mais parfois, la nuit, quand elle ferme les yeux, elle revoit ces yeux lumineux, vides, posés sur elle, et la même question qui la hante encore :
Pourquoi vivons-nous avec tant de cœur… quand d’autres ne font que l’imiter ?

 

3 commentaires:

  1. C'était le temps jadis...
    celui des contes...qui finissent bien...
    et celui où l'on pouvait - encore - "débrancher" les robots !

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  2. Les classiques revisités ! Ici, juste un fil à débrancher, point besoin de hache.

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