31 mai 2025
LEUR JEU AU CREPUSCULE / François
LEUR JEU AU CRÉPUSCULE
Ils étaient là, les amoureux,
Assis sur le ponton au bord de l'étang,
En appréciant toujours ce jeu,
Où se mêle l'amour entre deux amants.
Ils attendaient l'instant crépusculaire,
Pour voir disparaître dans le ciel vermeil,
Derrière la colline Saint Pierre,
S’éteindre lentement le soleil.
Le gagnant était celui qui désignait,
Cet instant précis où l'astre orange,
Face à la nuit, se résignait.
Tous les deux étaient gagnants, ils riaient de cet échange !
Et quand le lieu devenait très sombre,
Bercé par le clapotis de l'eau,
On voyait se rapprocher leur ombre,
Pour doucement s’étreindre, c'était beau.
AINSI VA / Galet
AINSI VA
Et puis un soir, entre chien et
loup, vous arriverez, accroché au bras de vos souvenirs, et vous vous assoirez
au bord de votre vie que le temps aura assagie, n’y laissant que les
ondulations de tous les vœux que vous y avez jetés comme autant de ricochets
tentés sur la nappe lisse de l’avenir, jeu d’ondes plus ou moins régulières qui
se poussent sans se dépasser. Elles ont emporté vos rêves, vos espoirs, vos
illusions et vos désillusions et vous en avez gardé la trace sur votre visage,
rides des rires qui ont plissé vos yeux, celles d’amertume au coin des lèvres
ou de soucis sur un font qu’aucune main ne vient plus caresser. On n’efface pas
les sillons du temps, on ne peut empêcher les ondes de s’éloigner et on a beau
s’accrocher à la vie, elle finit toujours par s’échapper…
Jeu à deux / Pierre Lpc
Jeu à deux :
On est deux cons sur notre ponton
On fait joujou mais sans cailloux.
Tu m'invitais aux ricochets
Mais y'avait pas de galets.
La prochaine fois ce sera sans moi
Ou tu m'préviens
Et je ramène des gadins.
L'avant d'elles / Ghislaine
L'avant d'elles
Deux femmes assises, la complicité en partage.
Tandis qu'au fil de l'eau dansent des images.
Le ciel se penche, complice des aveux,
Et leur mémoire fredonne un très ancien jeu.
Le vent caresse une mèche rebelle,
Tandis qu’un rire, discret, se révèle.
Les souvenirs reviennent sans détour,
pourtant il s'en est passé des jours.
Leurs voix se croisent, timides, apaisées,
Comme des roseaux à peine balancés.
Les souvenirs, en éclats lumineux,
S'échappent d’elles, un brin malicieux.
Un jeu de regards, de gestes retenus,
De mots esquivés, tendres et reconnus.
Elles sont là, entre le temps et l’espace,
Deux âmes que personne ne chasse.
Aux à quai / Pierre Lpc
Aux à quai :
Chaque jour je patiente sur mon quai
Quand le jour rejoint l'horizon
Quand mon aimée en émerge.
Aujourd'hui, l'âme lit et j'écris dans la marge
Avec absence de terme mais émotion
Tout ce pourquoi je me languis, aux aguets.
Aujourd'hui j'ai retrouvé la marge sur le ponton
L'émotion a changé brutalement et je nage.
Les pourquoi et leurs réponses me ramènent à la baie.
Chaque jour marquera de toi la carence, mais
Quand avec la vie je serai en concubinage
Dis-moi, est-ce que nos yeux replongeront ?
Toujours recommencé / L'Entille
Toujours recommencé.
Hier, c’était le plus beau jour de la vie.
Tout était rire, sourire réjouit.
Aujourd’hui tout est foutu, tout est perdu.
La chienne ne mérite pas d’être vécue.
L’horizon est à nouveau un trait lointain
Alors qu’on avait cru le toucher de la main.
Hier, on était le plus beau accroché au sourire de la plus belle.
Aujourd’hui on est redevenu le plus seul, sans elle.
Premier ou dernier chagrin d’amour, toujours un séisme.
Et pourtant demain on se réveillera animé par un truisme.
Évidence, sagesse, bon sens, appelez cela comme vous voulez.
La vie a plus d’imagination qu’on n’en aura jamais, alors rêvez…..
Au jeu de l’amour et du hasard,
Il n’y a pas que Marivaux pour mettre le bazar.
NOSTALGIE / J. Libert
Tous les soirs, en été, quand les jours sont longs, il vient s’asseoir, face à la mer, au bout du petit pont, sur le vieux banc de bois. Il a rendez-vous avec le soleil pour assister à son coucher.
Pour rien au monde, il ne manquerait cette promenade crépusculaire, ces instants minutés où l’astre de feu s’enfonce progressivement dans l’eau, disparaît vers d’autre contrées de la planète et laisse place à l’ombre de la nuit.
Aujourd’hui, même à plus de 80 ans, il éprouve la même fascination pour les couchers de soleil sur la mer que lorsqu’il était adolescent et qu’il longeait la côte en courant. Il ne se lassait pas de photographier ces milliers de zébrures à l’horizon. De seconde en seconde, les couleurs de la photo se modifiaient ; pour lui, c’était un jeu, un miracle sans cesse renouvelé.
Il se souvient qu’il avait voulu faire partager sa passion à sa première petite amie. Comme ce soir, il était venu se poser avec elle, face à l’océan. Tous deux étaient restés silencieux jusqu’à ce que la boule de feu se noie complètement dans les flots. Il avait cru, alors, à une complicité naissante ; mais, ce temps là était désormais, trop loin. Il ne devait pas laisser la nostalgie l’envahir.
Le nom des jeux / K
Le nom des jeux
-Tu peux me rappeler le nom du jeu, là ?
-Colin-maillard, un truc comme ça ?
-Non, c’est pas ça. Colin-maillard, le chasseur
a les yeux bandés et les chassés tournent autour de lui (sans trop s'éloigner)
en évitant de se faire toucher. Si le chasseur réussit à toucher un autre
joueur, celui-ci s'immobilise et laisse le chasseur lui toucher le visage. Si
le chasseur réussit à reconnaître la personne au toucher, alors celle-ci prend
la place du chasseur.
-Ah oui tu as raison, on n’a pas de foulard,
on a même plus nos godasses tellement on a mal aux pieds, et en plus y a plus
personne autour de nous.
-Oui et exceptionnellement on était à deux
pour chercher, ils appellent ça une variante, et ça fait un moment qu’on trouve personne, d’ailleurs…
-On aurait peut-être dû prendre à droite ?
-(Sans relever) C’est pas le jeu du loup,
ce serait idiot, c’est pas non plus chat perché, les arbres sont trop loin, et
j’y pense c’est pas un-deux-trois soleil, on les verrait…
-Ce serait bien de retrouver le nom quand
même, pour vérifier un ou deux points de règlement.
-Ah ça me revient. Le cache-cache. Ecoute ça : un joueur, le
chercheur, compte jusqu'à un certain nombre pendant que les autres se cachent.
À la fin de son décompte, il part en quête des autres joueurs. Quand il en
trouve un, il crie « trouvé(e) » ou « vu(e) » et le nom du
joueur trouvé. Ils peuvent alors chercher ensemble les joueurs restants,
jusqu'à ce que tous soient découverts. Lors de la partie suivante, le chercheur
peut être le premier à avoir été trouvé ou au contraire le dernier.
-Oui, c’est ça !
-Enfin presque…On aurait dû se méfier, je
pense, on pouvait pas gagner.
-Pourquoi ?
-Tu connais les noms de tous les joueurs
toi ?
-Non ! Ah ben t’as raison !
-Et il y a autre chose, on n’a pas fait
gaffe.
-Je vois pas.
-Je suis sûr qu’on n’est pas obligé de compter
jusqu’à 5000.
Le jeu de l'amour et du hasard / An'Maî
Le jeu de l'amour et du hasard
C'est le jeu de l'amour et celui du hasard...
Il suffit d'un instant, d'un geste d'un regard
Pour qu'en deux cœurs croisés de tendres liens se tissent
Et qu'en un seul enfin, les deux se réunissent.
Hier ils était seuls et chacun d'eux vivait
Sans se soucier du temps qui si vite passait.
C'était chacun pour soi, chacun ses habitudes
Puis la foudre a frappé, brûlant leurs certitudes.
Est-ce elle que j'attends? Est-ce lui le bonheur ?
Je tremble devant elle... Il fait battre mon cœur...
C'est elle je le sais ! C'est lui sans aucun doute !
Et c'est main dans la main qu'ils vont prendre la route.
Désormais côte à côte, ils fixent l'horizon
Deux regards et deux vies enfin à l'unisson.
Qu'importe si le vent agite l'eau mouvante
Pour elle il est l'amant, pour lui elle est l'amante.
C'est le jeu du hasard si le je devient nous
C'est le jeu de l'amour qui vient au rendez-vous
Il suffit d'un instant pour que des liens se tissent
Et qu'en un seul enfin, deux cœurs se réunissent
ÉCHOS DE L' ULTIME JEU - Marie Sylvie
Illusions perdues - Jill Bill
26 mai 2025
Sujet 141 - Les participants
24 mai 2025
La pose artistique / Pierre LPC
La pose artistique
C'est la première fois que je prête mon corps.
Ça va, car ce n'est pas à la science, c'est pour l'art.
Mais il s'agit tout de même d'être épié
Toutes mes coutures y passeront.
Sur quoi leur attention va-t-elle se poser ?
Ma poitrine à tous les coups
Ou mon entrejambe.
Je rêve d'un simple croquis.
Je n'aurai pas de visage
Ma taille et mes seins, invisibles.
Je ne serai que l'essentiel.
Un moment de calme lecture.
Un rêve bien vain
Car seuls mes attributs sont exposés
Offerts à leurs yeux
Et en attente d'être peints.
EPURE / Galet
ÉPURE
Lecture / An'Maï
Lecture
Style
: décontracté.
Les
genoux relevés
Deux
sommets arrondis,
Installée
sur son lit
Un
livre entre les mains
Elle
se sent si bien !
Isolée,
loin du Monde
Et
des bruits à la ronde,
Tranquille
elle voyage
Rien
qu'en tournant les pages
Elle
lit...
AMITIÉ DE PLAGE / J.Libert
AMITIÉ DE PLAGE
Yeux fermés, Martha se masse les joues pour faire pénétrer sa crème solaire. Elle maintient ses paupières closes, respire lentement la sensation de chaleur sur sa peau. Qu’il est agréable de pouvoir paresser ainsi au soleil sans être sensible à autre chose qu’à son bien être physique. Elle fait couler le sable fin entre ses doigts aux ongles vermeils. Elle resterait ainsi des heures, allongée au soleil.
À travers ses lunettes de soleil, les couleurs prennent une teinte plus sombre, uniforme ; les serviettes et les maillots de bain, les parasols et les nattes roulées, le ciel d’azur et la mer trop bleue, à ses pieds, lui apparaissent sous exposés. Elle devine, plus qu’elle ne voit, les ombres humaines aller, venir, s’allonger ou se relever.
Il y a quelques jours, elle a sympathisé avec une proche voisine de plage et, depuis, celle ci vient la rejoindre régulièrement vers 16 heures. Chacune a trouvé, chez l’autre, des points communs. Elles ont toutes les deux à peu près le même âge, le même style, sont divorcées. Elles ont aussi, chacune, deux enfants, garçon et fille, des pré adolescents.
Ensemble, en tant que mères célibataires, elles évoquent leurs difficultés d’éducation. Elles en viennent rapidement à se faire des confidences plus intimes, à se raconter des histoires drôles. Martha rit comme si elle plaisantait avec une amie de longue date.
Toutes les deux retrouvent , un peu, l’insouciance de leur vie d’avant, leur vie de jeune fille, quand elles n’avaient pas d’enfant.
Martha ravie de s’être fait une nouvelle amie, l’invite à déguster une glace à la terrasse de la fraiseraie, face à la mer. Elles ont laissé les enfants jouer aux billes sur des circuits qu’ils ont creusé patiemment dans le sable.
Attablées depuis près d’un quart d’heure, elles ne voient pas les minutes s’écouler, quand elles entendent le concert de klaxons des voitures de pompiers. Ils ne tardent pas à remonter, sur une civière, le jeune Charlie inanimé. C’est le fils de Martha. Elle ne comprend pas, qu’en si peu de temps, une situation paisible se soit transformée en catastrophe.
LIGNES DE SOIR , EMPREINTE DU STYLE / Marie Sylvie
Cécile / K
Elle est à l’abri, ne la croyez pas en exil
Masquée, les jambes nues repliées, Cécile
Lit, même les années bissextiles,
Toutes sortes d’histoires, ptérodactyles
Puérils qui chassent les volatiles ou les reptiles
Dans un coin du Brésil, près de Lille
Style, Cécile a du style.
C’est une lectrice immobile
Qui ne trouve pas utile
De lire ces tas de bouquins mercantiles
Futurs projectiles
Qui se font passer pour œuvres subtiles
Même chez les bibliophiles…
Oui, Cécile a du style.
Mutiques instruments / L'Entille
Mutiques instruments
J’aurais aimé d’un trait de plume te traduire.
D’un geste sûr, deux lignes pour explorer tes contours, les sublimer.
J’aurais voulu de trois jets d’encre de Chine, dessiner ta silhouette.
Quiconque en regardant le dessin t’aurait immédiatement identifié.
Je t’aurais esquissé en colère, dormant ou lisant.
Pas de fioriture, pas de couleur non plus.
Juste le style, le trait si pur, si explicite.
Mais encre de Chine ou plume, fusain ou pinceau,
Entre mes mains, rien ne leur vient.
LA FILLE CYGNE / Galet
La cliente mystérieuse / Jill Bill